Écrit par Noa, Développeur

Aujourd’hui, il a fallu que l’on se regroupe pour faire des estimations, Morgan, le Product Owner, a dit que ça s’appelait “backlog refinement”. Je n’avais pas trop envie d’y aller, car on a déjà du pain sur la planche et j’avais envie d’attaquer le code ! J’avais l’impression que j’allais perdre mon temps à faire des estimations, c’est le début du produit et on va avoir du mal à estimer.

Finalement, je n’ai pas compris comment Morgan a fait mais c’était bien ! Incroyable la fluidité avec laquelle ça s’est déroulé.

Morgan a pris le lead sur cet atelier en expliquant que les estimations étaient utiles pour lui. Ça lui permet d’avoir la vision de l’avancement, pour pouvoir détailler le travail à faire juste à temps. Pas trop tôt pour éviter le gaspillage et pas trop tard pour éviter que les développeurs soient obligés de réclamer. Kim, un collègue développeur, a rappelé que c’était également utile pour prévoir la charge de travail des sprints.

Une fois cette petite introduction terminée, on est rentré dans le vif du sujet. Morgan avait une pile de post-it dans la main. Il a expliqué que chaque post-it représentait un truc à faire pour le produit. Il a ensuite placé un élément sur le mur, et a donné la pile de post-it à Swann en lui disant : 

« Prends un post-it, et si tu penses que c’est plus dur que celui déjà présent au tableau, tu le places à sa droite. Si à l’inverse, tu penses que c’est plus facile, tu le places à sa gauche. Ensuite, tu passes la pile au suivant. Et on recommence.

– Si je ne suis pas d’accord avec Swann, je lui dis , demanda Claude.

– Pas tout de suite, répondis Morgan. Tu peux, lorsque c’est ton tour, déplacer un post-it existant en justifiant très rapidement pourquoi tu le déplaces. Néanmoins, il faut que tu choisisses, soit un nouveau post-it, soit déplacer un existant. »

A ce moment, mon cerveau a fait tilt. Je me suis souvenu d’une phrase de Sacha, le coach agile, qui parlait hier avec Morgan dans le couloir : “Si tu pousses les gens à faire des choix, ils iront naturellement à l’essentiel. Comme avec une timebox pour une réunion, plus on raccourcit la timebox, plus les participants vont à l’essentiel. C’est une bonne technique pour gagner en efficacité.” Je comprends désormais que Sacha a coaché Morgan au préalable sur cet atelier.

Nous avons commencé ce petit jeu, et au final c’était plutôt sympa, il suffisait, pour chaque élément, de se poser la question, “Est ce que c’est plus gros que celui-ci ? Et plus gros que celui-là ? Du coup il va entre les deux là? “. Au bout de 45 minutes, nous avons épuisé le stock de post-it. On a encore fait 2 tours pour ajuster les positionnements jusqu’à ce que tout le monde tombe d’accord : les éléments étaient classés ! 

J’ai alors pris la parole pour poser une question qui trottait dans mon esprit depuis plus de 20 minutes déjà :

« Mais là, on a rien estimé, on a juste classé les éléments. Parce-que moi j’ai du travail et j’aimerai bien y retourner…

– Classer les éléments, c’est de l’estimation. Vous venez d’estimer les éléments les uns par rapport aux autres. C’est de l’estimation relative, et notre cerveau est très doué pour faire cela.
C’est bien plus fiable que les estimations absolues, qui seraient en jours/hommes par exemple. 

Une fois que l’on a ce classement, on peut très facilement placer des chiffres dessus : nous avons chiffrés 40 éléments, on pourrait tracer un trait vertical tout les 5 éléments, pour avoir 8 catégories : la première catégorie vaudrait 1 point, la suivante 2, puis 3, 5, 8, 13, 21 et 34.

– Je n’ai jamais vraiment aimé le planning poker, mais ça, j’aime mieux déjà, a ajouté Kim. »

J’acquiesçai de la tête car j’étais complètement d’accord avec Kim.

Morgan a repris la parole pour conclure :

« Cette technique, ça nous a permis d’estimer en masse. Par la suite, des éléments vont émerger, être découpés etc. Cela va provoquer des nouveaux besoins en estimations, nous pouvons: 

  • Soit utiliser notre échelle chiffrée et estimer les nouveaux éléments avec un poker planning
  • Soit réutiliser ce classement, et ajouter tout simplement sur cette frise les nouveaux éléments »

Un petit brouaha a commencé à s’installer alors que chacun voulait donner son avis à voix haute et finalement c’est Morgan qui, à nouveau, s’exprima : 

« Pas besoin de répondre tout de suite. Nous allons d’abord travailler sur le sprint pour expérimenter, cela ne fera qu’améliorer les estimations futures. »